Les fées des lacs, dit-on, sont les plus jolies.
Ce n'est là qu'un jugement d'humain, de peu de valeur en soi.
Toujours est-il que, près de Reylac, tous s'accordent à
décrire Dame Pascale comme une superbe créature, à
défaut de pouvoir expliquer ce nom curieux pour une fée.
Mais ils ne font que répèter ce que les enfants leur ont
dit.
Depuis toujours, les gamins des environs vont au lac,
bravant l'interdiction formelle de leurs parents. L'étendue d'eau
n'est pas très grande, il s'agit plutôt d'un étang.
Les arbres immenses qui bordent les berges en couvrent d'ombre une grande
partie, et le fond est tapissé de branches en décomposition.
Les enfants n'y vont donc pas pour s'y baigner, mais pour se cacher dans
les taillis et apercevoir la Dame, ainsi que les nymphettes aux ailes
diaphanes qui l'accompagnent.
Mais s'ils racontent ensuite les ballets nautiques
et aériens dont ils furent témoins, ils se taisent sur
la description vestimentaire de ces belles. Sans doute craignent-ils
la censure imbécile...
Un jour l'enfant meurt et devient
adulte. L'adulte ne va plus au lac. Il l'oublie ou le craint. Les chasseurs
en disent : - C'est "Son" Territoire. Nombre de fanfarons,
décidés à pénétrer le domaine de la
Dame, furent retrouvés errant dans les bois, hébétés,
vêtements en lambeaux ou nus parfois. D'autres se sont simplement
perdus. Dame Pascale n'a pas une réputation de méchante
fée, mais elle sait écarter les intrus.